Vie et oeuvre de Constantin Erod de Julien Donadille

Rentrée littéraire Hiver 2016

Pour ceux qui aiment: Un Américain bien tranquille de Graham Greene

Au début des années 90, Yves Kerigny accepte le poste de jeune attaché culturel, en charge de la bibliothèque de l'ambassade française à Rome. Au fil des jours, il fait la connaissance et se lie d'amitié avec son voisin, le mystérieux Constantin Erod. Ce dernier, héritier de la famille royale du petit état slave de Slovanie, coule des jours heureux dans la ville éternelle. Mais les conflits et le démantèlement de la Yougoslavie ouvre soudainement des perspectives nouvelles et une chance de mettre fin à son long exil. 

Quinze ans plus tard, Yves est convoqué par l'ambassade de Slovanie suite à la mort de Constantin. Ce dernier, jugé à La Haye pour crime de guerre, lui aurait légué le contenu d'un coffre, qu'il est aujourd'hui seul à pouvoir ouvrir.

J'avoue, je n'attendais pas grand-chose de ce roman pioché dans le flot de la rentrée littéraire de janvier. Je redoutais le côté un peu sombre, guerre de Yougoslavie, petit état Slave, etc. Mais une vingtaine de pages ont suffi à me rassurer et je ressors enchantée de la lecture de ce premier roman. 

Bien plus que la Yougoslavie, qui sert ici uniquement de toile de fond, Vie est Oeuvre de Constantin Erod est un roman d'ambiance qui aborde de manière beaucoup plus général l'amitié, les faux-semblants, la littérature et l'écriture, les ressorts diplomatiques ou encore l'Italie des années 90 à travers les impressions et les rencontres d'Yves. 

La jolie plume de l'auteur sert admirablement bien ce roman que j'ai trouvé très fin. Julien Donadille se concentre sur une petite galerie de personnages, qu'il exploite à merveille et qu'il prend le temps de bien étoffer. On s'attache au final très vite à ce petit microcosmos romain, de Constantin et ses amis slovanes, à la tenancière bougonne du café du coin. Les descriptions de Rome sont de plus magnifiques et j'ai adoré visiter la ville en compagnie d'Yves et de Constantin. J'ai même corné quelques pages, histoire de reproduire quelques balades romaines lors d'une future visite.

Si je devais trouver un petit bémol, ce serait peut-être la fin un peu trop "mystérieuse". Donadille aurait pu donner plus de réponses à son lecteur, en particulier sur les choix de Constantin. Je pensais que le contenu de coffre serait plus éclairant, et s'il offre une jolie perspective au roman, il soulève de nouvelles interrogations sans résoudre vraiment celles déjà existantes. Dans ce sens, le roman reste vraiment centré sur le ressenti d'Yves, sur sa vision à la fois limitée et parfois très naïve des choses, mais aussi romantique et nostalgique de la ville et des événements. Un parti pris intéressant mais peut-être un peu frustrant!

Je retiens au final la très belle ambiance de ce roman et ses personnages attachants. L'atmosphère créée par l'auteur autour de cet état de Slovanie est vraiment une réussite et je reste impressionnée par la maitrise de ce jeune auteur, avec qui j'adorerais discuter plus longuement de ce roman plein de fausses pistes. On en a peu parlé sur la blogo et dans la presse, mais n'hésitez pas à faire la connaissance de cet étrange et complexe personnage qu'est Constantin Erod. 

Un jeune attaché culturel à l’ambassade de France à Rome au milieu des années 1990 fait la connaissance du prince héritier de Slovanie. Ce doux vieux monsieur, Constantin Er d, a avec lui des conversations charmantes, il est affable et attachant. A la suite des guerres yougoslaves, Constantin devient roi de Slovanie. Et c’est avec consternation que le jeune homme découvre par les médias quel usage sanglant M. Er d fait de son pouvoir recouvré.

Quinze ans après ces événements, il est convoqué à l’ambassade de Slovanie à Paris pour y apprendre que son « ami » maintenant mort lui a légué un bien dont on ignore la nature. Que contient le coffre ? Qu’a été la vraie vie de Constantin Er d ? Celle d’un vieux monsieur exquis, ou celle d’un roi tyrannique ? Peut-on vraiment connaître les hommes ?
Un roman tout en intrigues et en pièges, en sous-entendus et en mensonges, sur les postures et les mensonges de la personnalité. 

DONADILLE Julien, Vie et Oeuvre de Constantin Erod, ed. Grasset, janvier 2016, 320p.

Commentaires

  1. Un personnage qui a l'air plus grand que nature.

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    1. C'est un peu ça oui. Mais c'est surtout l'ambiance du livre que je retiens.

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